Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/366

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« Je termine.

« J’ai voulu, au moment où nous glorifions ensemble une existence bien employée, vous indiquer combien nous est favorable à nous-mêmes le culte de ceux qui nous ont aimés et servis sans nous connaître. Suis-je parvenu à vous faire comprendre que la double impulsion qui nous entraîne, vers le passé par la reconnaissance, vers l’avenir par la sympathie, mettant en communication les vivants avec leurs lointains ancêtres et leurs lointains héritiers, peut susciter dans le cœur quelque chose de lumineux et de suave ? — que chaque progrès intellectuel s’accompagne d’un progrès moral ? — qu’il est beau de consacrer dans le souvenir des hommes, dans l’éternité des temps, dans la gloire des choses, tout ce qui a été fait de grand pour l’humanité ? — que les familles, les sociétés, l’histoire et la poésie, la science et les beaux-arts n’auraient pas été, ou disparaîtraient, sans le généreux sentiment qui sème ce que d’autres récolteront ? que, pour faire tourner l’effort de tous au bien de tous, il s’agit d’étendre encore chez l’homme cet instinct de sociabilité auquel il doit, de siècle en siècle et de race en race, le développement de ses facultés, l’amélioration de sa nature, son idéal et sa morale ?

« Si nous nous sommes compris, Mesdemoiselles ; si votre esprit a saisi la nécessité de se plier à la vérité des choses, dont la connaissance, comme les légendes