Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/392

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indifférente, mais complètement étrangère au mouvement si vif, à l’ardeur si empressée qui, dans le domaine du goût, entraînait alors et passionnait les plus brillants esprits. Elle écrit en 1831 : « Les lettres ont perdu leur éclat, elles n’attirent plus vers elle l’attention des peuples, elles ne sont plus l’objet de l’enthousiasme de la jeunesse ; la poésie, si elle ne trouve pas moyen de se rattacher à quelques-unes des idées qui intéressent les discussions politiques est également dédaignée ».

Ni les Méditations, ni les Orientales, ni les Contes d’Espagne et d’Italie n’avaient égayé et charmé le cabinet de travail de Sophie Germain, peut-être que, sans la lire, elle avait entendu vanter la Villéiade.

Dans le second chapitre qui termine l’ouvrage, Sophie Germain expose a priori, sans développements historiques, la marche vraisemblablement suivie par l’esprit humain dans les progrès accomplis jusqu’ici et dans ceux que lui promet l’avenir. Rien n’est acquis qui soit à ses yeux définitif. Aucune doctrine affirmative ne lui semble mériter les honneurs de la discussion et faire naître l’embarras du doute.

« Cherchant partout sa propre image, l’homme, dit-elle, a tout d’abord personnifié les êtres inanimés… et confondant la littérature et la science, il prenait pour sujet de ses études tantôt l’homme lui-même ou quelqu’un des dieux, demi-dieux ou génies dotés par lui de l’intelligence ou des passions humaines…