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CHAPITRE VI


MAIN-D’ŒUVRE, DIRECTION ET ADMINISTRATION


§I. —- Personnel de la construction.

Les collèges ou corporations d’artisans. — La question du travail manuel dans l’antiquité, la question ouvrière, comme nous disons aujourd’hui, est une des plus intéressantes que l’historien et l’archéologue puissent se proposer d’étudier, mais elle est aussi une des plus complexes. Je ne veux donc ici que l’effleurer, n’ayant pour but que de donner une idée de ce qu’a pu être, dans les travaux publics des premiers siècles de l’empire, et par suite dans la construction des aqueducs de Lyon, la répartition entre le travail libre, le travail des esclaves, le travail de l’armée, et enfin celui des indigènes obtenu par réquisition.

Aux beaux temps des républiques anciennes, à Rome aussi bien qu’à Athènes et dans les diverses cités de la Grèce, à l’exception pourtant de Sparte, le travail libre fut respecté et même en honneur. Les premiers législateurs d’Athènes l’avaient encouragé, en le faisant valoir comme un moyen légitime d’arriver au pouvoir dans la cité. Thémistocle le considérait comme le premier principe de la puissance extérieure de sa patrie[1]. À Rome, la création de collèges d’artisans, au temps de Numa, était apparue comme le

  1. « En même temps qu’il augmentait le nombre de ses vaisseaux, il persuada au peuple d’affranchir de tout impôt les locataires des maisons et les artisans, pour attirer de tous côtés des habitants dans Athènes, et y réunir le plus grand nombre possible de professions et de métiers, deux moyens qu’il jugeait avec raison les plus propres à favoriser l’accroissement des forces motrices de l’Etat, » Diodore de Sicile, xi, 43.