Page:Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques, 1908.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 394 —

penser qu’on ne les plantait qu’au voisinage des endroits où elles pouvaient être vues souvent, près des bourgs, ou des fermes, à la rencontre des routes ? Elles auraient précisé, étant établies ainsi en un petit nombre de points choisis, la signification d’une haie ou d’un fossé régnant partout le long du canal et limitant le spatium agri réservé. Et ce serait la situation même de ces bornes, peu nombreuses par le fait même, qui expliquerait leur disparition presque totale. Elles se seraient offertes comme inévitablement à l’utilisation, après la ruine des aqueducs.

N’insistons pas là-dessus plus qu’il ne convient, et contentons-nous de remarquer que le nom d’Hadrien inscrit, sur cette pierre de Chagnon pourrait fournir une présomption de plus en faveur de la construction de l’aqueduc du Gier sous son règne. En effet, ce texte ne renferme aucune prescription qui ne soit contenue dans la loi de Quinctius Crispinus, citée plus haut. Dès lors, pourquoi aurait-on attendu jusqu’au règne d’Hadrien[1] pour inscrire ce règlement le long de l’aqueduc si celui-ci était déjà construit sous Claude ? En outre, nous voyons par ce même texte que l’administration impériale intervenait bien directement dans la surveillance et la protection de l’ouvrage.

IV. — SANCTIONS PÉNALES.

Règlements de Frontin. — Afin de conjurer toutes les contraventions, toutes les fraudes, si faciles à commettre et commises si souvent, comme le déplore Frontin en maint endroit de son traité, les empereurs, les magistrats, le sénat et le peuple romain adjoignirent des sanctions variées à toutes lois et tous décrets concernant cette matière. Voici d’abord celles qu’a consignées Frontin, puis celles qui émanent des constitutions impériales.

1o Celui qui arrosait son terrain avec l’eau destinée au public perdait la propriété du sol[2]. Si l’on avait employé des esclaves à

  1. Il est vrai que la partie de l’aqueduc le long de laquelle a été trouvée cette pierre, d’après nos propres raisonnements, a été construite postérieurement au reste. L’argument perd donc ici de sa valeur et l’on ne saurait y voir qu’une présomption à côté d’autres raisons bien plus probantes exposées au cours de la précédente étude.
  2. De Aquis, 97.