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n’avons, à vrai dire, sur ce point, aucune donnée précise. Mais on n’exagérerait probablement pas en les supposant doubles de ceux d’aujourd’hui. D’autre part, l’aqueduc du Gier, comme nous le verrons, ne prenait pas seulement les eaux de cette rivière au-dessus d’Izieux, mais celles du Janon, du Langonan et des ruisseaux de la vallée de Chagnon, ce qui devait bien augmenter son débit de près d’un tiers.

2o Mais, en revanche, l’aqueduc de la Brévenne récoltait seulement les affluents de rive droite de cette rivière, et l’aqueduc de Craponne seulement les affluents de rive gauche de l’Iseron. Enfin, on laissait bien s’écouler une certaine quantité d’eau dans le lit des rivières.

Il y a donc une sorte de compensation qui ramène aux alentours du chiffre indiqué plus haut. On se tiendrait dans des limites vraisemblables en estimant ainsi à priori entre 50 et 100.000 mètres cubes par jour le volume d’eau que pouvaient fournir ensemble les quatre aqueducs antiques de Lyon.

§II. — Tracé de l’aqueduc du Mont-d’Or.

Le groupe compact de montagnes qui domine la rive droite de la Saône sur une quinzaine de kilomètres immédiatement en amont de Lyon et qui doit peut-être son nom de Mont-d’Or, soit aux rochers jaunâtres çà et là mis à nu sur ses flancs par des carrières depuis longtemps exploitées, soit à ses vertes prairies que le soleil fait miroiter de reflets scintillants[1], échelonne ses larges gradins autour de trois sommets : au nord, le mont Verdun, dont le front est tourné vers Trévoux et la plaine d’Anse ; en arrière, le mont Toux, qui forme le centre du massif et dans les contours duquel se creusent les sinuosités des principales vallées ; au sud, le mont Cindre, qui regarde la ville de Lyon[2].

  1. C’est du moins apparemment pour un de ces motifs que le nom s’est transformé et que de mont Tour qu’il s’appelait autrefois le massif est devenu mont d’Or. Au XIVe siècle, les villages que nous aurons à mentionner dans cette région, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Saint-Didier-au-Mont-d’Or, se nommaient Saint-Cyr-en-Mont-Tour, Saint-Didier-en-Mont-Tour, etc. Mont-Toux est sans doute aussi une corruption de Mont-Tour. Aussi l’orthographe Mont-Toux vaut-elle mieux que Mont-Thou, comme on l’écrit quelquefois.
  2. V. Pl. I, à la fin du volume, la reproduction de la carte dressée par Artaud d’après les indications perdues de Delorme, et Pl,. II, le tracé complet des quatre aqueducs, d’après les recherches de la présente étude.