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la gaine de maçonnerie qui n’existait pas à La Blache ; le renseignement de Flacheron se trouve donc confirmé.

Un peu plus loin, en se rapprochant encore du fond de la vallée, dans le jardin d’un restaurant champêtre, on voit, sur une longueur de quelques mètres, le canal ouvert, encastré dans le talus d’une allée ; la couverture et un des piédroits ayant été arrachés, on croirait voir un banc à dossier, solidement construit, en ciment ; le massif de maçonnerie qui le supporte complète l’illusion.

Réservoirs de Saint-Romain. — On est ici tout proche d’un des points les plus intéressants du parcours. L’aqueduc passe d’un côté à l’autre de la vallée ; il ne reste pas de vestige de la petite arche sur laquelle il devait franchir le thalweg, pas plus que de la canalisation souterraine dans le voisinage. Mais, immédiatement après l’arche, si l’ouvrage avait été conservé, on verrait la jonction de la conduite et d’un chenal qui, par l’intermédiaire de deux réservoirs tout proches, lui amenait les eaux des pentes environnantes. Ces deux réservoirs, à la suite et en contre-bas l’un de l’autre, à peine distants d’une trentaine de mètres, le plus bas étant à quelque trente mètres aussi de l’endroit où devait passer le canal, existent encore et appartiennent à un grand propriétaire de Saint-Romain[1] qui les utilise pour l’irrigation de ses domaines, cédant même à la commune une partie des eaux qu’ils recueillent. Je me borne ici à les indiquer, ayant à y revenir plus loin, au chapitre où il sera spécialement traité des prises d’eau.

De Saint-Romain à Saint-Didier. — Indiquons en fait d’autres traces : au-dessus de Saint-Romain, dans un fourré en contrebas d’une carrière, une cavité, d’accès difficile, au milieu des ronces, au fond de laquelle on peut, en passant le bras par un trou, toucher les deux parois du canal, et sonder sa profondeur ; puis, un peu avant d’arriver à Collonges-le-Haut, après la sortie de la vallée de Saint-Romain, sur le chemin du Poizat[2], des morceaux

  1. M. le comte de Murart.
  2. « M. Jeune, cultivateur, avait trouvé l’aqueduc dans sa vigne, un peu plus loin que la vieille église de Collonges, lieu dit Poizat. Il nous a certifié, et d’autres l’ont fait également, que les dalles couvrant l’aqueduc, dalles simples, pierres plates non taillées, étaient posées à bain de mortier sur les piédroits et recouvertes d’une chape (de mortier), le tout si bien maçonné que la démolition de cette couverte était un travail de Romain. Souvent une dalle carrée en formait la couverte. » (Gabut, loc. cit.).