Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/11

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Il est donc difficile de faire connoître par la lettre morte cet homme dont les plus grands génies et les plus illustres souverains ont recherché l’entretien, comme leur plus noble délassement. Cependant, pour y parvenir autant qu’il étoit possible, j’ai choisi sa correspondance et ses pensées détachées. Il n’est aucun genre d’écrit qui puisse suppléer davantage à la connoissance personnelle. Un livre est toujours fait d’après un système quelconque qui place l’auteur à quelque distance du lecteur. On peut bien deviner le caractère de l’écrivain, mais son talent même doit mettre un genre de fiction entre lui et nous. Les lettres et les pensées sur divers sujets que je publie aujourd’hui peignent à la fois la rêverie et la familiarité de l’esprit ; c’est à soi et à ses amis que l’on parle ainsi : il n’y a point, comme dans Larochefoucault, une opinion toujours la même, et toujours suivie. Les hommes, les choses et les événemens ont passé devant le Prince de Ligne. Il les a jugés sans projet et sans