Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/117

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siens, Abyssiniens, Immarettes et Géorgiens ; et j’ai déjà tué cinq mille Turcs à Kinburn. — Je suis charmé, lui ai-je répondu, d’avoir eu tant de gloire sans m’en douter, car je ne vous ai point quitté.

Comme il est permis d’avoir de l’humeur lorsqu’on a en la fièvre pendant quinze jours, et comme il faut ici bouder et se fâcher pour renouveler son crédit, j’ai dit l’autre jour que j’allois faire venir six mille Croates pour m’emparer d’Oczakow, qu’on respecte tant dans cette armée.

Malgré tous les torts de mon commandant d’armée, il a une bonne qualité, c’est beaucoup d’attachement pour la maison d’Autriche. Votre Majesté Impériale a pour elle la galerie et les salons de l’Hermitage, mais point le cabinet.

À propos de cela, je ne sais ce qui a pris l’autre jour au prince Potemkin : au milieu des diamans avec lesquels il fait des dessins sur sa table, il y avoit une superbe toison de cent mille roubles ; étoit-ce pour me dire qu’il engageroit l’Impératrice à m’en faire présent si je lui écrivois que tout va bien, ou pour me faire entendre qu’il se la donneroit à lui-même si Votre Majesté lui en accordoit îe collier ? L’Impératrice, étonnée de ne plus recevoir de