Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/135

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j’ai trouvé la meilleure tête, demandoit au prince Potemkin ce que veut ou peut la Russie. Je lui dis, et aux autres aussi : — N’allez ni à Vienne, ni à Pétersbourg, ni à Berlin, Messieurs ; restez Polonois. Mon Empereur ne veut rien vous enlever. L’Impératrice aime mieux garder l’influence que la géographie lui donne sur tout votre pays, que d’en prendre une partie. Mais vous voyez par les lettres de Hertzberg, interceptées, que c’est la cour de Berlin qui circuit leo rugiens quærens quem devoret ; elle veut tout au moins la grande Pologne. Le prince Potemkin m’a promis quarante mille fusils de Toula pour une confédération, soi-disant contre les Tartares, mais, dans le fait, contre la première puissance qui voudra faire un second partage, c’est-à-dire la Prusse, sans la nommer. Ne vous y fiez pas ; mais si, pour secouer les rênes lâches et longues que Pétersbourg tient dans sa main, vous vous soumettez à une puissance qui vous serrera de près, vous disparoîtrez de la surface de la terre ; car alors, ou vous serez perdus parce que votre pays deviendra le théâtre de la guerre, ou les deux empires seront obligés d’en prendre chacun leur part.

J’ai écrit l’autre jour au roi de Pologne : Sire, l’orage gronde sur votre tête. Il m’a