Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/196

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A présent je ne me gêne plus. La bonne compagnie, que je reconnois aux beaux chevaux et aux couleurs tranchantes des vêtemens, ne sort jamais avant dix heures, pour engager une affaire. De tout le siège, les Turcs n’ont fait qu’une seule petite entreprise de nuit, parce qu’apparemment ils avoient besoin d’une tête de général, qu’ils sont venus couper à M. Maximowitz. —

L’Autrichien et le Russe ne sont pas consultés sur l’heure : la liberté qu’on laisse aux Turcs à cet égard fait que la moitié de leur armée ne se trouve pas à la bataille, dont le sort dépend toujours des premiers Bravi qui, lorsqu’ils sont dégoûtés, dégoûtent tout de suite ceux qui les suivent.

Leur artillerie, dans les sièges, est servie par les premiers soldats qui se lèvent, et qui vont tirer leur coup de canon pour s’amuser. L’instinct des Turcs, qui vaut souvent mieux que l’esprit des Chrétiens, les rend adroits, et capables de faire tous les métiers à la guerre ; mais ils n’ont que la première réflexion : ils ne sont pas susceptibles de la seconde. Et après avoir dépensé leur moment de bon sens, assez droit, assez juste, ils tiennent du fou et de l’enfant. J’en ai examiné la cause. C’est, je crois, l’usage immodéré et continuel d’un café