Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/221

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leurs fils, leurs filles ou leurs trésors, ils ne seroient pas si familiarisés avec les coutumes qui leur donnent l’air d’être barbares.

lis sourient tout au plus, et répondent de la tête, des yeux, ou des bras et de la main, qu’ils ne remuent jamais sans noblesse ; mais ils ne parlent presque pas. Ils n’ont rien de vulgaire, ni dans ce que je me fais expliquer, lorsqu’ils parlent, ni dans leurs manières. Le petit serviteur d’un Janissaire, quoiqu’il ait les pieds et les jambes nues, et qu’il ne porte point de chemise, est coquet à sa façon, et a l’air plus distingué que les jeunes seigneurs des cours européennes : les plus pauvres des soldats Turcs n’ont rien pour se vêtir, mais leurs armes damasquinées sont couvertes d’argent. Je les ai vus en refuser 200 piastres, craignant moins d’expirer de faim que de honte.

Les Turcs sont sensibles à la reconnoissance et aux bons traitemens, et tiennent, dans toutes les circonstances de leur vie, soit à la guerre, ou ailleurs, constamment leur parole : d’autant plus, m’ont-ils dit quelquefois, qu’ils ne savent pas écrire.

Les Turcs ont quelques rapports avec les Grecs, et beaucoup avec les Romains. Ils ont les goûts des uns et les usages des autres. Leurs ouvrages sont charmans, remplis de goût, et