Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/230

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verains, négligée à force d’être soignée : on leur apprend tout, excepté ce qu’ils doivent savoir. Joseph II, dans sa jeunesse, ne promettait point d’être aimable ; il le devint tout-à-coup à son couronnement de Francfort. Ses voyages, ses campagnes, et la société de quelques femmes distinguées achevèrent de le former. Il aimoit les confidences, il étoit discret, bien qu’il se mêlât de tout. Ses manières étoient fort agréables, et jamais il n’y mêloit de la pédanterie : je l’ai vu écrire sur une de ces grandes cartes qu’il avoit toujours en poche, des leçons de morale, de douceur et d’obéissance, à une jeune personne qui vouloit quitter une mère qui la faisoit enrager ; des leçons de musique à une autre, parce qu’ayant assisté à celles que lui donnoit son maître, il n’en avoit pas été content. Il voyoit d’anord dans le monde si l’on étoit mécontent de lui, pour quelque ordonnance, quelque entreprise, ou quelque punition. Il faisoit des frais pour se remettre bien dans la société, et redoubloit de charmes dans sa conversation, et de galanterie vis-à-vis des femmes ; il leur approchoit un fauteuil, ouvroit la porte, fermoit la fenêtre ; enfin il faisoit, par son activité, tout le service de la chambre. Sa politesse étoit une sauve-garde contre la familia-