Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/305

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taciturnité naturelle, et c’est tout uniment pauvreté d’imagination. Ils aiment mieux dire qu’ils ont des sujets de réflexions, même de tristesse ce jour-là. Mais il n’en est rien. Ils sont comme toujours.

CHAULIEU n’étoit ni sage, ni homme de génie, mais il étoit heureux. Despréaux et Molière, hommes de génie (quoiqu’on ait refusé ce titre au premier), réflechissoient trop pour être gais. Ils faisoient rire, et ils ne rioient jamais. Il est bien difficile de n’être pas sérieux au fonds, si ce fonds n’est pas, comme dans quelques gens, à la superficie.

IL n’appartient pas à tout le monde d’être modeste ; et la modestie est une fatuité ou une sottise, quand on n’a pas le mérite le plus éclatant.

Je n’estime pas ceux qui achètent la noblesse, dit un jour l’Empereur Joseph II à M. de Cazanova : et celui-ci, dont chaque mot est un trait et chaque pensée un livre, lui dit : — Et ceux qui la vendent, Sire ?

UN original est souvent un bon diable. Son