Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/309

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larde, et non pas son esprit, qui a toujours été le serviteur de l’autre. C’est comme cela qu’il bat presque toujours la campagne d’une manière charmante. Une idée l’emporte, en amène une autre. Il dit : A propos de cela je m’en vais vous dire. Il ne s’est pas douté de sa profondeur et de la finesse de ses observations. Je suis pour lui comme Condé pour Turenne. Que ne donnerois-je pas, disoit le grand Condè, pour causer une demi-heure avec lui ?

Montaigne étoit, à l’orgueil près, tout le portique d’Athènes à la fois : on voit partout le bon homme, le bon cœur, la bonne tête. Il a devine le monde. Il a vu le passé, le présent, l’avenir, sans se croire un grand sorcier.

LONDRES m’a encore plus surpris que Venise. Je pouvois m’imaginer une ville au milieu de la mer. Il n’y a qu’à penser à une inondation qui fait des canaux de toutes les rues, et on aura l’idée de Venise. Mais des trottoirs larges et commodes, des boutiques superbes, une propreté inouie partout, des promenades illuminées, où il y a des concerts et des jeux, et point de surveillans, des jardins superbes, une rivière qui ajoute à cela une