Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec les pétulantes extravagances de celui que j’avais devant moi.

Ce petit Adonis, nommé l’abbé Fillot, était le receveur des tailles de la ville voisine, homme fort riche, Dieu sait aux dépens de qui. Il revenait de Paris, ainsi que la plupart des sots de sa trempe, plus chargé de fatuité que de doctrine. Il avait accompagné Mme Dinville à sa campagne, dans l’intention de la réjouir. Écolier, abbé, tout était bon pour elle.

La dame sonna, on vint : c’était Suzon. Mon cœur tressaillit à sa vue ; j’étais charmé que mes conjectures se trouvassent aussi heureuses. Elle ne m’aperçut pas d’abord, parce que j’étais caché par les rideaux du lit, sur lequel Mme Dinville m’avait fait asseoir, situation que, par parenthèse, M. l’abbé commençait à ne pas trouver à son gré. Il avait peine à souffrir la petite liberté que Mme Dinville me donnait, et je voyais qu’il taxait de mauvais goût la complaisance qu’elle me témoignait.

Suzon s’avança, elle me vit. Dans le moment, ses belles joues s’animèrent des plus vives couleurs ; elle baissa les yeux, l’agitation lui coupa la parole. J’étais dans un état peu différent du sien, excepté qu’elle baissait les yeux, et que les miens étaient fixés sur elle. Les charmes de Mme Dinville, dont elle ne me ménageait pas la vue, sa gorge, ses tétons et les autres parties de son corps, dont un drap jaloux dérobait, à la vérité le spec-