Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/170

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jouit ; on oublie dans leurs bras les déboires de la pénitence. — Vous me surprenez, lui dis-je, mon révérend ; ah ! pourquoi faut-il qu’une si belle police n’étende pas sa sagesse sur nous ? Nos convives rirent, et le prieur me répondit : Nous ne sommes pas plus dupes que les autres ; nous avons ici un endroit où nous ne manquons pas de femmes. — Ici ! repris-je, et vous ne craignez pas que l’on vous découvre ? — Non, dit-il, cela est impossible ; le continent de notre maison est trop vaste pour qu’on s’aperçoive de cet endroit. — Ah ! m’écriai-je, quand me sera-t-il permis d’aller consoler ces aimables recluses ? — Les consolations ne leur manquent pas, me répondit-il en riant, et votre qualité de prêtre vous donne le droit d’y aller quand vous voudrez. — Quand je voudrai ? Ah ! mon père, je vous somme dès à présent de tenir votre parole. — Il n’est pas encore temps ; on n’entre que sur le soir dans notre piscine, qui est l’appartement de nos sœurs. Personne n’en a la clef ; il n’y en a que deux, l’une entre les mains du père dépensier, l’autre entre les miennes.

Ce n’est pas tout, père Saturnin, continua le prieur ; lorsque vous saurez que vous n’êtes pas le fils d’Ambroise, vous serez doublement étonné. (Je fus effectivement si interdit, que je n’eus pas la force d’ouvrir la bouche.) Vous n’êtes pas le fils d’Ambroise, poursuivit le prieur, ni celui de Toinette ; votre naissance est plus relevée. Notre