Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/146

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les grandes herbes pour procurer de l’herbe fraîche à leurs bestiaux. Par suite du dépouillement les pentes s’ébranlent, la terre végétale descend dans les vallées qui n’en ont pas besoin, et, ce qui est plus grave, le sol de l’intérieur, mis à nu, ne retient plus l’eau des pluies et les sources tarissent ; c’est ainsi que plusieurs forêts et rivières ont déjà disparu ; tous ces inconvénients seraient évités si les Mohéliens prenaient la précaution de baliser les endroits qu’ils veulent incendier. Les villages sont bâtis au bord de la mer, sous des cocotiers, ordinairement près de l’embouchure d’un ruisseau ; cette disposition, plus commode pour la paresse des habitants qui ne connaissent, en fait de route, que le sable ou les galets du rivage, est regrettable au point de vue de la salubrité ; si tous ces villages étaient bâtis sur les hauteurs, à 150 ou 200 mètres seulement d’élévation, les habitants échapperaient à l’influence des gaz délétères qui font une ceinture à l’île, du coucher au lever du soleil. C’est en grande partie, je crois, à l’élévation des villages au-dessus du niveau de la mer que la Grande Comore doit sa réputation de salubrité. Composée d’Antalotes, de Malgaches, d’Arabes, de quelques Hovas, de Mahoris émigrés, et surtout de noirs de la côte d’Afrique, la population totale paraît être de 6000 âmes. Le sang nègre domine chez les Antalotes ; on peut ainsi évaluer la proportion des différentes races : quatre dixièmes nègres esclaves, trois dixièmes Antalotes, deux dixièmes Malgaches purs et Hovas, un dixième Arabes. Un instant subjugués par les Malgaches, les Arabes ont repris la suprématie