Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/160

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terrible jeta tous les boutres à la côte. Les naufragés tombèrent au pouvoir des Mohéliens et furent conduits à Fomboni. A leur arrivée au palais, Ramanatéka fit tout d’abord massacrer Boina-Combo et tous les Mahoris qui l’avaient accompagné. Il rendit la liberté à Saïd-Hassani, père de Saïd-Omar, à Saïd-Ouazir-Zouber, oncle d’Abdallah, et à Salim, frère de ce dernier, qui lui avaient rendu de grands services lors de son séjour à Anjouan ; Andrian-Souli était parvenu à s’échapper on ne sait comment ; tous les autres furent déclarés prisonniers de guerre et vendus. Quant au malheureux sultan Abdallah, après lui avoir fait subir toutes sortes d’outrages et de mauvais traitements, Ramanatéka le fit enfermer dans un cachot où il le laissa lentement mourir de faim. De ce moment, personne, dans les Comores, n’osa plus attaquer Ramanatéka ou plutôt le sultan Abd-el-Rhaman, car on ne lui donnait plus que de nom. Il mourut en 1842, laissant deux filles en bas âge dont l’une était Djombé-Fatouma, la fameuse reine de Mohéli qui visita la France en 1868. J’emprunte aux excellentes notes publiées sur les Comores par M. Cave, dans la Revue maritime de 1867, le récit des premières années du règne de Djombé : "Djombé-Fatouma étant trop jeune pour gouverner, sa mère gérait en son nom les affaires du pays et Madame Droüet, créole de Maurice, restée à Mohéli depuis la mort de son mari, fut chargée de l’éducation des deux filles de Ramanatéka. Sous sa direction les princesses furent élevées à l’européenne et apprirent à écrire assez bien le français et à le parler correctement. Tout allait bien à Mohéli quand survint la