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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

d’utilité[1]. Les tapis de Babylone et les autres ouvrages de l’Orient étaient fort recherchés ; mais c’était avec l’Arabie et avec l’Inde que se faisait le commerce le plus considérable et le moins approuvé. Tous les ans, vers le solstice d’été, une flotte de cent vingt vaisseaux partait de Myos-Hormos, port d’Égypte situé sur la mer Rouge. À l’aide des moussons, elle traversait l’océan en quarante jours : la côte de Malabar et l’île de Ceylan[2] étaient le terme ordinaire de cette navigation ; et les marchands des régions de l’Asie les plus éloignées s’y rendaient pour y attendre l’arrivée des sujets de Rome. Le retour de la flotte d’Égypte était fixé au mois de décembre ou de janvier : aussitôt ses riches cargaisons, transportées sur des chameaux depuis la mer Rouge jusqu’au Nil, descendaient ce fleuve et abordaient au port d’Alexandrie ; de là elles affluaient dans la capitale de l’empire[3]. Les objets du commerce de l’Orient étaient brillans, mais au fond de peu d’uti-

  1. Tacite, German., c. 45 ; Pline, Hist. nat., XXXVIII, II. Celui-ci observe assez plaisamment que même la mode n’avait pu trouver à l’ambre un usage quelconque. Néron envoya un chevalier romain sur les côtes de la mer Baltique, pour acheter une grande quantité de cette denrée précieuse.
  2. Appelée Taprobane par les Romains, et Serendib par les Arabes. Cette île fut découverte sous le règne de Claude, et devint insensiblement le principal lieu de commerce de l’Orient.
  3. Pline, Hist. nat., l. VI ; Strabon, l. XVII.