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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

lité : ils consistaient en soies, qui se vendaient au poids de l’or[1], en pierres précieuses, parmi lesquelles la perle tenait le premier rang après le diamant[2], et en différentes espèces d’aromates que l’on brûlait dans les temples et dans les pompes funèbres. Un profit presque incroyable dédommageait des peines et des fatigues du voyage ; mais c’était sur des sujets romains que se faisait ce gain exorbitant, et un très-petit nombre de particuliers s’enrichissaient aux dépens du public. [Or et argent.]Comme les Arabes et les Indiens se contentaient des marchandises et des productions de leurs pays, l’argent était, du côté des Romains, sinon le seul, du moins le principal objet d’échange[3]. La gravité du sénat pouvait être blessée de ce que les richesses de l’état, employées à la parure des femmes, passaient sans retour entre

  1. Histoire Aug., p. 224. Une robe de soie était regardée comme un ornement pour une femme, et comme indigne d’un homme.
  2. Les deux grandes pêches de perles étaient les mêmes qu’à présent ; Ormuz et le cap Comorin. Autant que nous pouvons comparer la géographie ancienne avec la moderne, Rome tirait ses diamans de la mine de Jumelpur, dans le Bengale, dont on trouve une description au tom. II des Voyages de Tavernier, p. 281.
  3. Les Indiens n’étaient pas si peu curieux des denrées européennes : Arrien fait une longue énumération de celles qu’on leur donnait en échange contre les leurs ; comme des vins d’Italie, du plomb, de l’étain, du corail, des vêtemens, etc. (Voy. le Péripl. maris Erythræi, dans les Geogr. minor. de Hudson, t. I, p. 27, seqq.) (Note de l’Éditeur.)