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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. IV.

[A. D. 180.]Le fils chéri de Marc-Aurèle succéda à son père au milieu des acclamations du sénat et de l’armée[1] ; et cet heureux prince, lorsqu’il monta sur le trône, n’avait autour de lui ni rival à combattre, ni ennemis à punir : dans cette haute et tranquille situation, il devait naturellement préférer l’amour de ses sujets à leur haine, et la douce gloire des cinq empereurs qui l’avaient précédé, au sort ignominieux de Néron et de Domitien.

Caractère de ce prince.

Cependant Commode n’était pas, comme on nous a représenté[2], un tigre né avec la soif insatiable du sang humain, et capable, dès ses premières années, de se porter aux excès les plus cruels[3] ; la nature l’avait formé plutôt faible que méchant : sa simplicité et sa timidité le rendirent l’esclave de ses courtisans, qui le corrompirent par degrés. Sa cruauté fut d’abord l’effet d’une impulsion étrangère ; elle dégénéra bientôt en habitude, et devint enfin la passion dominante de son âme[4].

Il retourne à Rome.

Commode, à la mort de son père, se trouva chargé du commandement pénible d’une grande armée

  1. Commode est le premier Porphyrogenète (né depuis l’avénement de son père au trône). Par un nouveau raffinement de flatterie, les médailles égyptiennes datent des années de sa vie comme si elles n’étaient pas différentes de celles de son règne. Tillemont, Hist. des Empereurs, tom. II, page 752.
  2. Voyez Lampride, in Commod., c. 1. (Note de l’Édit.)
  3. Hist. Aug., p. 46.
  4. Dion, l. LXXII, p. 1203.