Relâchement de la discipline.
Les sages instructions de Sévère ne firent jamais aucune impression durable sur l’âme de son fils : avec de l’imagination et de l’éloquence, Caracalla manquait de jugement ; ce prince n’avait aucun sentiment d’humanité[1] ; il répétait sans cesse « qu’un souverain devait s’assurer l’affection de ses soldats et compter pour rien le reste de ses sujets[2]. » Dans tout le cours de son règne, il suivit constamment cette maxime dangereuse et bien digne d’un tyran. La prudence avait mis des bornes à la libéralité du père, et une autorité ferme modéra toujours son indulgence pour les troupes ; le fils ne connut d’autre politique que celle de prodiguer des trésors immenses : son aveugle profusion entraîna la perte de l’armée et de l’empire. Les guerriers, élevés
- ↑ Dion, l. LXXVII, p. 1296.
- ↑ Dion, l. LXXVII, p. 1284. M. Wotton (Hist. de Rome, p. 330) croit que cette maxime fut inventée par Caracalla, et attribuée par lui à son père.
premier représente ce massacre comme un acte de cruauté ; l’autre prétend qu’on y employa aussi de la perfidie. Il paraît que les Alexandrins avaient irrité le tyran par leurs railleries, et peut-être par leurs tumultes (*).