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Arabes, le résultat d’un dénombrement fut qu’il y avait six millions de Cophtes tributaires[1], et vingt millions de Cophtes de tout âge et de tout sexe ; que le trésor du calife recevait annuellement de ce pays trois cents millions d’or ou d’argent[2]. Notre raison se révolte contre l’extravagance de ces assertions. Elle deviendra plus sensible si on se donne la peine de prendre le compas et de mesurer l’étendue des

    nombre comme l’opinion commune ; et il ajoute qu’en général ces villages renferment deux ou trois mille personnes, et qu’il en est beaucoup où il y a plus de monde que dans nos grandes villes.

  1. Eutychius, Annal., t. II, p. 308-311. Les vingt millions ont été calculés d’après les données suivantes : un douzième de la population pour les personnes au-dessus de soixante ans, un tiers pour celles qui sont au-dessous de seize ; et la proportion des hommes aux femmes est de dix-sept à seize (Recherches sur la population de la France, p. 71, 72). M. Goguet (Orig. des arts, etc., t. III, p. 26, etc.) suppose que l’ancienne Égypte contenait vingt-sept millions d’habitans, parce que les dix-sept cents compagnons de Sésostris étaient nés le même jour.
  2. Elmacin (Hist. Saracen., p. 218) ; d’Herbelot adopte sans scrupule ce calcul énorme (Biblioth. orient., p. 1031) ; Arbuthnot (Tables of ancient coins, p. 262) et de Guignes (Hist. des Huns, t. III, p. 135) ; ils auraient pu adopter la générosité non moins extravagante d’Appien, qui donne aux Ptolémées (in Præfat.) un revenu annuel de soixante-quatorze myriades, sept cent quarante mille talens, c’est-à-dire de cent quatre-vingt-cinq ou d’environ deux cents millions sterling, si l’on compte d’après la valeur du talent d’Égypte ou d’après la valeur de celui d’Alexandrie (Bernard, De Ponderibus antiquis, p. 186).