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compagnons de Mahomet et les chefs des tribus approuvèrent ce pieux dessein ; et vingt mille Arabes partirent de Médine, chargés des présens et des bénédictions du commandeur des fidèles. Ils se réunirent à vingt milles de leurs compatriotes qui campaient aux environs de Memphis ; on chargea de cette guerre Abdallah[1], fils de Said, et frère de lait du calife, et qui avait supplanté depuis peu le vainqueur et le lieutenant de l’Égypte. Son mérite et la faveur du prince ne pouvaient faire oublier son apostasie. Abdallah avait adopté de bonne heure la religion de Mahomet, et comme il écrivait très-bien, on lui avait confié le soin important de transcrire les feuilles du Koran ; il manqua de fidélité dans l’exercice de cette grande commission ; il corrompit le texte, tourna en dérision des erreurs qui étaient de lui, et se réfugia à la Mecque pour échapper au châtiment et faire voir l’ignorance de l’apôtre. Après la conquête de la Mecque, il vint se prosterner aux pieds du prophète ; ses larmes et les sollicitations d’Othman arrachèrent à Mahomet un pardon qu’il accorda à regret, en déclarant qu’il n’avait hésité si

    sixième chapitre de la cinquième section de cette dernière partie (Reiske, Prodidagmata ad Hadji chalifæ tabulas, p. 232-234). Parmi les historiens anciens que cite Novairi, il faut distinguer la narration originale d’un soldat qui conduisait l’avant-garde des musulmans.

  1. Voyez l’Histoire d’Abdallah dans Abulféda (Vit. Mohammed., p. 109), et Gagnier (Vie de Mahomet, t. III, p. 45-48).