Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/460

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gouvernement arbitraire d’esclaves étrangers. Tel a été cependant l’état de l’Égypte depuis plus de cinq siècles. Les plus illustres sultans des dynasties[1] Baharite et Borgite sortaient eux-mêmes des bandes tartares ou circassiennes, et les vingt-quatre beys ou chefs militaires ont toujours eu pour successeurs, non pas leurs enfans, mais leurs domestiques. Ils produisent le traité que Sélim Ier fit avec la république[2] comme la grande chartre de leur liberté ; et l’empereur ottoman reçoit toujours de l’Égypte un faible tribut pour gage de leur soumission. Ces deux dynasties n’offrent, en exceptant de courts intervalles d’ordre et de tranquillité, qu’une période presque continuelle de meurtres et de brigandages[3]. Mais leur trône, quoique ébranlé, se soute-

  1. La chronologie des deux dynasties des mamelucks, les Baharites turcs ou tartares de Kipzak, et les Borgites circassiens, se trouve dans Pococke (Proleg. ad Abulpharage, p. 6-31) et de Guignes (t. I, p. 264-270). Leur histoire, d’après Abulféda, Macrizis, etc., jusqu’au commencement du quinzième siècle, se trouve de même dans M. de Guignes (t. IV, p. 110-328).
  2. Savary, Lettres sur l’Égypte, t. II, lett. XV, p. 189-208. Je doute fort de l’authenticité de cette copie ; cependant il est vrai que le sultan Sélim conclut un traité avec les Circassiens ou mamelucks d’Égypte, et laissa entre leurs mains des armes, des richesses et du pouvoir. (Voyez un nouvel Abrégé de l’Histoire ottomane, composé en Égypte et traduit par M. Digeon (tom. I, p. 55-58, Paris, 1781) ; cette histoire nationale est authentique et curieuse.
  3. Si totum quo regnum occuparunt tempus respicias,