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ploits les ennemis à une trêve de dix ans, et revint en Europe dangereusement blessé par un assassin fanatique[1]. Bondocdar ou Bibars, sultan d’Égypte et de Syrie, surprit et détruisit presque entièrement la ville d’Antioche[2], qui par sa position s’était trouvée jusque alors moins exposée aux calamités de la guerre sainte. Telle fut la fin de cette principauté, et la première conquête des chrétiens fut dépeuplée par le massacre de dix-sept mille et la captivité de cent mille de ses habitans. Les villes maritimes de Laodicée, Gabala, Tripoli, Béryte, Sidon, Tyr, Jaffa, et les forteresses des Hospitaliers et des Templiers, se rendirent successivement. Les Francs conservèrent pour toute possession la ville et la colonie de Saint-Jean d’Acre, désignée par quelques écrivains sous le nom plus classique de Ptolémaïs.

Après la perte de Jérusalem, Acre[3], qui en

  1. Voyez l’Histoire d’Angleterre, par Carte (vol. II, p. 165-175) et ses originaux, Thomas Wikes et Walter Hemingford (l. III, c. 34, 35), Collection de Gale (t. II, p. 97, 589-592). Ils n’ont rien su ni l’un ni l’autre du pieux courage de la princesse Éléonore, qui suça la plaie venimeuse, et sauva la vie à son mari au risque de la sienne.
  2. Sanut, Secret. fidel. crucis, l. III, part. XII, c. 9, et de Guignes, Hist. des Huns, t. IV, p. 143, d’après les historiens arabes.
  3. Toutes les Chroniques de ces temps nous font connaître l’éclat de la ville d’Acre. La plus circonstanciée est celle de Villani (l. VII, c. 144) ; dans Muratori (Scriptor. rerum ital., t. XIII, p. 337, 338).