Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/390

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des cinq fils du sultan consumèrent rapidement les débris de leur patrimoine. Je citerai leurs noms selon l’ordre de leur âge et de leurs actions[1]. [1o. Mustapha.]1o. Il est douteux si celui dont je trace rapidement l’histoire, était le véritable Mustapha, ou un imposteur qui prétendait le représenter. Il combattit à côté de son père à la bataille d’Angora ; mais lorsque le sultan captif obtint la permission de faire chercher ses fils, on ne trouva que Mousa ; et les historiens turcs, esclaves de la faction triomphante, assurent que son frère fut compris parmi les morts. En admettant qu’il se soit échappé, il resta caché durant douze ans à ses amis et à ses ennemis, et parut enfin en Thessalie, où un parti nombreux le reconnut pour le fils et le successeur de Bajazet. Sa première défaite aurait terminé sa vie, si ce vrai ou faux Mustapha n’eût pas été sauvé par les Grecs, qui, après la mort de son frère Mahomet, lui rendirent la liberté et l’empire. Il paraît que la bassesse de ses sentimens attestait son imposture. Après avoir été respecté sur le trône d’Andrinople comme le sultan légitime des Ottomans, sa fuite, des chaînes et un supplice ignominieux le livrèrent au mépris public. Trente imposteurs jouèrent successivement le même rôle, et eu-

  1. On trouve la relation des guerres civiles depuis la mort de Bajazet jusqu’à celle de Mustapha dans Démétrius Cantemir (p. 58-82), chez les Turcs ; parmi les Grecs dans Chalcocondyles (l. IV et V), Phranza (l. I, c. 30-32) et Ducas (c. 18-27). Ce dernier est le plus détaillé et le mieux instruit.