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Ibrahim[1] fut plus heureux, et les Turcs révèrent encore le nom et la famille de celui qui termina les guerres civiles par la mort du dernier prétendant au trône de Bajazet.

Réunion de l’empire des Ottomans. A. D. 1421.

Durant ces désordres, les plus sages d’entre les Turcs, et en général le corps de la nation, désiraient vivement la réunion des parties éparses de l’empire. La Romanie et l’Anatolie, déchirées si souvent par l’ambition des particuliers, tendaient fortement à s’y rejoindre. Leurs efforts offraient une leçon aux puissances chrétiennes. Si les flottes de celles-ci s’étaient réunies pour occuper le détroit de Gallipoli, les Ottomans auraient été bientôt écrasés, du moins en Europe ; mais le schisme de l’Occident, les factions et les guerres de la France et de l’Angleterre, détournèrent les Latins de cette généreuse entreprise. Ils jouirent d’une tranquillité passagère sans penser à l’avenir, et l’intérêt du moment les engagea souvent à servir l’ennemi de leur religion. Une colonie génoise[2] établie à

  1. Ducas, Grec contemporain, fait l’éloge des vertus d’Ibrahim (c. 25). Ses descendans sont les seuls nobles en Turquie ; ils se contentent d’administrer les fondations pieuses de leur ancêtre, avec l’exemption de toutes fonctions publiques. Le sultan leur fait chaque année deux visites (Cantemir, p. 76).
  2. Voyez Pachymères (l. V, 29), Nicéphore Grégoras (l. II, c. 1), Sherefeddin (l. V, c. 57) et Ducas (c. 25). Le dernier de ces écrivains, observateur exact et attentif, mérite particulièrement la confiance pour tout ce qui con-