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Tombeaux et reliques des apôtres.

Rome, ainsi que Thèbes, Babylone ou Carthage, aurait été effacée de dessus la terre, si cette cité n’avait pas été animée d’un principe de vie qui la fit renaître aux honneurs et à la puissance. Il se répandit une vague tradition, que deux apôtres juifs, l’un faiseur de tentes et l’autre pêcheur, avaient été jadis mis à mort dans le cirque de Néron ; et cinq siècles après l’époque de cette exécution, on révéra leurs reliques, vraies ou supposées, comme le palladium de Rome chrétienne. Les pèlerins de l’Orient et de l’Occident venaient se prosterner au pied des autels qui les contenaient ; mais leur châsse était défendue par des miracles et par un sentiment de terreur : ce n’était pas sans crainte que les pieux catholiques approchaient ces objets de leur culte. On ne touchait pas impunément les corps des deux saints, il était dangereux de les regarder : ceux même qui, déterminés par les motifs les plus purs, osaient troubler le repos de leur sanctuaire, se trouvaient épouvantés par des visions ou frappés de mort subite. On rejeta avec horreur la demande peu raisonnable d’une impératrice qui voulait priver les Romains de leur trésor sacré, la tête de saint Paul ; et le pape assura, probablement avec une grande vérité, que la toile sanctifiée par le voisinage du corps du saint ou les

    la destruction des bâtimens et des statues, reprochée à Grégoire Ier; sur la bibliothéque Palatine il cite Jean de Salisbury (De nugis curialium, l. II, c. 26) ; et sur Tite-Live il cite Antoninus de Florence : le plus ancien de ces trois témoins vivait au douzième siècle.