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PRÉFACE DE L’ÉDITEUR.

de sa publication, Hume, Robertson et Voltaire, prouve incontestablement son mérite ; la durée de ce succès, qui s’est constamment soutenu depuis, en est la confirmation. En Angleterre, en France, en Allemagne, c’est-à-dire chez les nations les plus éclairées de l’Europe, on cite toujours Gibbon comme une autorité ; et ceux même qui ont découvert dans son livre des inexactitudes, ou qui n’approuvent pas toutes ses opinions, ne relèvent ses erreurs et ne combattent ses idées qu’avec ces ménagemens pleins de réserve, dus à un mérite supérieur. J’ai eu occasion, dans mon travail, de consulter les écrits de philosophes qui ont traité des finances de l’Empire romain, de savans qui en ont étudié la chronologie, de théologiens qui ont approfondi l’histoire ecclésiastique, de jurisconsultes qui ont étudié avec soin la jurisprudence romaine, d’orientalistes qui se sont beaucoup occupés des Arabes et du Koran, d’historiens modernes qui ont fait de longues recherches sur les croisades et sur leur influence ; chacun de ces écrivains a remarqué et indiqué dans l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire romain, quelques négligences, quelques vues fausses ou du moins incomplètes, quelquefois même des omissions qu’on ne peut s’empêcher de croire volontaires ; ils ont rectifié quelques faits, combattu avec avantage quelques assertions ; mais le plus souvent ils ont pris les recherches et les idées de Gibbon comme point de départ ou comme preuve des recherches