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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

loisir et leurs richesses à l’embellissement et à la grandeur de l’empire.

Monumens romains.

Parmi les nombreux monumens d’architecture que construisirent les Romains, combien ont échappé aux recherches de l’histoire, et qu’il en est peu qui aient résisté aux ravages des temps et de la barbarie ! Et cependant les ruines majestueuses, éparses dans l’Italie et dans les provinces, prouvent assez que ces contrées ont été le siége d’un illustre et puissant empire. La grandeur et la beauté de ces superbes débris mériteraient seules toute notre attention ; mais deux circonstances les rendent encore plus dignes d’attirer nos regards. La plupart de ces magnifiques ouvrages avaient été élevés par des particuliers, et tous étaient consacrés à l’utilité publique : considération importante qui unit l’histoire agréable des arts à l’histoire bien plus instructive des mœurs et de l’esprit humain.

La plupart élevés par des particuliers.

Il est naturel d’imaginer que le plus grand nombre et les plus considérables des édifices romains ont été bâtis par les empereurs, qui pouvaient disposer de tant de bras et de trésors si immenses. Auguste avait coutume de répéter avec orgueil : « J’ai trouvé ma capitale en briques, et je la laisse en marbre à mes successeurs[1]. » La sévère économie de Vespasien

  1. Suétone, Vie d’Auguste, c. 28. Auguste bâtit à Rome le temple et la place de Mars-le-Vengeur ; le temple de Jupiter Tonnant dans le Capitole ; celui d’Apollon Palatin, avec des bibliothéques publiques ; le portique et la basilique de Caius et Lucius ; les portiques de Livie et d’Octavie, et le théâtre