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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

difficilement trouver son égal dans tout l’empire : on n’avait employé à cet édifice que du cèdre, chargé des plus précieuses sculptures. L’Odéon, destiné par Périclès à donner des concerts publics, et à la répétition des tragédies nouvelles, était un trophée de la victoire remportée par les arts sur la grandeur asiatique ; des mâts de vaisseaux perses en composaient presque toute la charpente. Ce monument avait été déjà réparé par un roi de Cappadoce ; mais il était encore sur le point de tomber en ruine. Hérode lui rendit sa beauté et sa magnificence[1]. La générosité de cet illustre citoyen n’était pas renfermée dans les murs d’Athènes ; un théâtre à Corinthe, les plus riches ornemens du temple de Neptune dans l’isthme, un stade à Delphes, des bains aux Thermopyles, et un aqueduc à Canusium en Italie, ne purent épuiser ses vastes trésors. L’Épire, la Thessalie, l’Eubée, la Béotie et le Péloponèse partagèrent ses bienfaits[2] ; et la reconnaissance des villes

  1. L’Odéon servait à la répétition des comédies nouvelles, aussi-bien qu’à celle des tragédies ; elles y étaient lues d’avance ou répétées, mais sans musique, sans décorations, etc. Aucune pièce ne pouvait être représentée sur le théâtre si elle n’avait été préalablement approuvée sur l’Odéon par des juges ad hoc. Le roi de Cappadoce qui rétablit l’Odéon livré aux flammes par Sylla, était Ariobarzanes. Voy. Martini, Dissertation sur les Odéons des anciens. Leipzig, 1767, p. 10-91. (Note de l’Éditeur.)
  2. Voy. Philost., l. II, p. 548, 566 ; Pausanias, l. I et VII, 10 ; la Vie d’Hérode, dans le XXXe vol. des Mém. de l’Académie.