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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

présence de l’empereur suspendrait, dans chaque département, l’autorité ordinaire du gouverneur. Les nouvelles conquêtes devinrent une portion du domaine impérial, et l’on s’aperçut bientôt que la puissance du prince, dénomination favorite d’Auguste, était la même dans toutes les parties de l’empire.

L’empereur conserve le commandement militaire,
et se fait accompagner de gardes au milieu même de Rome.

En retour de cette concession imaginaire, Auguste obtint un privilége important, qui le rendait maître de Rome et de l’Italie. Il fut autorisé à retenir le commandement militaire, et à conserver auprès de sa personne une garde nombreuse, même en temps de paix et dans le centre de la capitale ; prérogative dangereuse qui renversait les anciennes maximes. Il n’avait réellement d’autorité que sur les citoyens engagés dans le service par le serment militaire ; mais les Romains étaient si portés à l’esclavage, que les magistrats, les sénateurs et l’ordre équestre, s’empressèrent de prêter ce serment. Enfin, l’hommage de la flatterie fut converti insensiblement en une protestation de fidélité, qui se renouvelait tous les ans avec une pompe solennelle.

Puissances consulaire et tribunitienne.

Auguste regardait la force militaire comme la base la plus solide du gouvernement ; mais il ne pouvait se dissimuler combien un pareil instrument devait

    d’Afrique et d’Asie n’étaient données qu’à des ex-consuls. Voyez des détails sur l’organisation des provinces, dans Dion (l. I, III, 12-16), et dans Strabon (l. XVII, p. 840) ; le texte grec, car la traduction latine est fautive. (Note de l’Éditeur.)