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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. IV.

Il est reconnu par les gardes prétoriennes.

Les momens étaient précieux. Lætus conduisit son nouvel empereur au camp des prétoriens. Il répandit en même temps dans la ville le bruit qu’une apoplexie avait enlevé subitement Commode, et que déjà le vertueux Pertinax était monté sur le trône. Les gardes apprirent avec plus d’étonnement que de joie la mort suspecte d’un prince dont ils avaient seuls éprouvé l’indulgence et les libéralités ; mais l’urgence de la circonstance, l’autorité du préfet et les clameurs du peuple, les déterminèrent à dissimuler leur mécontentement. Ils acceptèrent les largesses promises par le nouvel empereur, consentirent à lui jurer fidélité ; et, tenant à leurs mains des branches de laurier, ils le conduisirent avec acclamation dans l’assemblée du sénat afin que l’autorité civile ratifiât le consentement des troupes.

Et par le sénat, A. D. 193, premier janvier.

La nuit était déjà fort avancée ; le lendemain, qui se trouvait le premier jour de l’an, le sénat devait être convoqué de grand matin pour assister à une cérémonie ignominieuse. En dépit de toutes les remontrances, en dépit même des prières de ceux des courtisans qui conservaient encore quelque idée de prudence et d’honneur, Commode avait résolu de passer la nuit dans une école de gladiateurs, et de venir ensuite à la tête de cette vile troupe, revêtu des mêmes habits, prendre possession du consulat. Tout à coup, avant la pointe du jour, les sénateurs reçoivent ordre de s’assembler dans le temple de la Concorde, où ils doivent trouver les gardes, et ra-