Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/341

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cipes fondamentaux de la constitution. Macrin n’était pas sénateur[1]. L’élévation soudaine des préfets du prétoire rappelait encore l’état obscur d’où ils étaient sortis ; et les chevaliers avaient toujours été en possession de cette place importante, qui leur donnait une autorité arbitraire sur la vie et sur la fortune des plus illustres patriciens. On ne pouvait voir sans indignation revêtu de la pourpre un homme sans naissance[2], qui ne s’était même rendu célèbre par aucun service signalé, tandis que l’empire renfermait dans son sein une foule de sénateurs illustres, descendus d’une longue suite d’aïeux, et dont la dignité personnelle pouvait relever l’éclat du rang impérial. Dès que le caractère de Macrin eut été exposé aux regards avides d’une multitude irritée, il fut aisé

  1. Dion, l. LXXXVIII, p. 1350. Héliogabale reprocha à son prédécesseur d’avoir osé s’asseoir sur le trône, bien que, comme préfet du prétoire, il n’eût pas la liberté de demeurer dans le sénat lorsque le public avait ordre de se retirer. La faveur personnelle de Plautien et de Séjan les avait mis au-dessus de toutes les lois. À la vérité, ils avaient été tirés de l’ordre équestre ; mais ils conservèrent la préfecture avec le rang de sénateur, et même avec le consulat.
  2. Il était né à Césarée, dans la Numidie, et il fut d’abord employé dans la maison de Plautien, dont il fut sur le point de partager le sort malheureux. Ses ennemis ont avancé que, né dans l’esclavage, il avait exercé plusieurs professions infâmes, entre autres celle de gladiateur. La coutume de noircir l’origine et la condition d’un adversaire, paraît avoir duré depuis le temps des orateurs grecs jusqu’aux savans grammairiens du dernier siècle.