Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/366

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Les charmes de la littérature faisaient bientôt disparaître la sécheresse de ces détails. Alexandre donna toujours quelques heures à l’étude de la poésie, de l’histoire et de la philosophie. Les ouvrages de Virgile et d’Horace, la république de Platon et celle de Cicéron, formaient son goût, éclairaient son esprit, et lui donnaient les idées les plus sublimes de l’homme et du gouvernement. Les exercices du corps succédaient à ceux de l’âme ; et le prince, qui joignait à une taille avantageuse de la force et de l’activité, avait peu d’égaux dans la gymnastique. Après le bain et un léger dîner, il se livrait avec une nouvelle ardeur aux affaires du jour ; et, jusqu’au souper, le principal repas des Romains, il travaillait avec ses secrétaires, et répondait à cette foule de lettres, de mémoires et de placets, qui devaient être nécessairement adressés au maître de la plus grande partie du monde. La frugalité et la simplicité régnaient à sa table ; et lorsqu’il pouvait suivre librement sa propre inclination, il n’invitait qu’un petit nombre d’amis choisis, tous d’un mérite et d’une probité reconnue, et parmi lesquels Ulpien tenait le premier rang. La douce familiarité d’une conversation toujours instructive, était quelquefois interrompue par des lectures intéressantes, qui tenaient lieu de ces danses, de ces spectacles, et même de ces combats de gladiateurs, que l’on voyait si souvent dans les maisons des riches citoyens[1]. Alexandre était simple

  1. Voyez la treizième satire de Juvénal.