Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/395

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tous leurs domaines. Il était réservé au vertueux Alexandre de délivrer les provinces de cette oppression criante. Ce prince réduisit les tributs à la trentième partie de la somme qu’ils produisaient à son avènement[1]. Nous ignorons par quels motifs il laissa subsister de si faibles restes du mal public. Ces rameaux nuisibles, qui n’avaient point été tout-à-fait arrachés, jetèrent de nouvelles racines, s’élevèrent à une hauteur prodigieuse, et dans le siècle suivant répandirent une ombre mortelle sur l’univers romain. Il sera souvent question, dans le cours de cette histoire, de l’impôt foncier, de la capitation et des contributions onéreuses de blé, de vin, d’huile et d’animaux, que l’on exigeait des provinces pour l’usage de la cour, de l’armée et de la capitale.

Conséquences qui résultent de l’extension du droit de bourgeoisie.

Tant que Rome et l’Italie furent regardées comme le centre du gouvernement, les anciens citoyens conservèrent un esprit national, que les nouveaux adoptèrent insensiblement. Les principaux commandemens de l’armée étaient donnés à des hommes qui avaient reçu de l’éducation, qui connaissaient les avantages des lois et des lettres, et qui avaient marché à pas égaux dans la carrière des honneurs, en passant par tous les grades civils et militaires[2].

  1. Celui qui était taxé à dix aurei, le tribut ordinaire, ne paya plus que le tiers d’un aureus, et Alexandre fit en conséquence frapper de nouvelles pièces d’or, Hist. Aug., p. 127, avec les Commentaires de Saumaise.
  2. Voyez l’Histoire d’Agricola, de Vespasien, de Trajan,