Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/411

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en faisait, il déployait l’élégance de son goût et toute la bienfaisance de son âme. Le palais que le grand Pompée avait autrefois occupé à Rome appartenait depuis plusieurs générations à la famille des Gordiens[1]. Il était décoré d’anciens trophées de victoires navales, et orné des ouvrages de la peinture moderne. La maison de campagne de Gordien, située sur le chemin qui menait à Préneste, était fameuse par des bains d’une beauté et d’une grandeur singulières, par trois galeries magnifiques, longues de cent pieds, et par un superbe portique élevé sur deux cents colonnes des quatre espèces de marbre les plus rares et les plus chères[2]. Les jeux publics dont il avait fait la dépense semblent être au-dessus de la fortune d’un sujet. L’amphithéâtre était rempli de plusieurs centaines de bêtes sauvages

  1. Hist. Aug., p. 152. Marc-Antoine s’empara de la belle maison de Pompée, in Carinis : après la mort du triumvir, elle fit partie du domaine impérial. Trajan permit aux sénateurs opulens d’acheter ces palais magnifiques et devenus inutiles au prince ; ils y furent même encouragés par lui. (Pline, Panég., c. 50.) Ce fut probablement alors que le bisaïeul de Gordien fit l’acquisition de la maison de Pompée.
  2. Ces quatre espèces de marbre étaient le claudien, le numidien, le carystien et le synnadien. Leurs couleurs n’ont pas été assez bien décrites pour pouvoir être parfaitement distinguées ; il paraît cependant que le carystien était un vert de mer, et que le synnadien était blanc, mêlé de taches de pourpre ovales. Voyez Saumaise, ad Hist. Aug., p. 164.