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de la superstition, et salués avec des acclamations sincères par le sénat et par le peuple, qui croyaient voir l’âge d’or succéder à un siècle de fer[1]. La conduite des deux empereurs répondit à l’attente publique. Ces princes rendaient la justice en personne, et la clémence de l’un tempérait la sévérité de l’autre. Les impôts onéreux établis par Maximin sur les legs et sur les héritages, furent supprimés, ou du moins modérés ; la discipline fut remise en vigueur, et l’on vit paraître, de l’avis du sénat, plusieurs lois sages, publiées par les deux monarques, qui s’efforçaient d’élever une constitution civile sur les débris d’une tyrannie militaire. « Quelle récompense pouvons-nous espérer pour avoir délivré Rome d’un monstre ? » demandait un jour Maxime, dans un moment de confiance et de liberté. « L’amour du sénat, du peuple et de tout le genre humain, » répondit Balbin sans hésiter. « Hélas ! s’écria son collègue plus pénétrant, je redoute la haine des soldats, et les suites funestes de leur ressentiment[2]. » L’événement ne justifia que trop ses appréhensions.

Séditions à Rome.

Durant le temps que Maxime se préparait à défendre l’Italie contre l’ennemi commun, Balbin, qui n’avait point quitté Rome, avait été témoin de plusieurs scènes sanglantes, et s’était trouvé engagé

  1. Voyez, dans Histoire Auguste, la lettre de félicitation écrite aux deux empereurs par le consul Claudius-Julianus.
  2. Hist. Aug., p. 171.