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Guerre de Perse. A. D. 242.

Misithée avait passé sa vie dans l’étude des lettres, et la profession des armes lui était entièrement inconnue. Cependant telle était la flexibilité du génie de ce grand homme, que lorsqu’il fut nommé préfet du prétoire, il remplit les devoirs militaires de sa place avec autant de vigueur que d’habileté. Les Perses avaient pénétré dans la Mésopotamie, et menaçaient Antioche. Le jeune empereur, à la persuasion de son beau-père, quitta le luxe de Rome, et marcha en Orient, après avoir ouvert le temple de Janus, cérémonie autrefois si célèbre, et la dernière alors dont l’histoire fasse mention. Dès que les Perses apprirent qu’il s’approchait à la tête d’une grande armée, ils évacuèrent les villes qu’ils avaient déjà prises, et se retirèrent de l’Euphrate vers le Tigre. Gordien eut le plaisir d’annoncer au sénat les premiers succès de ses armes, qu’il attribuait, avec une modestie et une reconnaissance bien recommandables, à la sagesse de son préfet. Pendant toute cette expédition, Misithée veilla toujours à la sûreté et à la discipline de l’armée. Il prévenait les murmures dangereux des troupes, en maintenant l’abondance dans le camp, en établissant dans toutes les villes frontières de vastes magasins de vinaigre, de chair salée, de paille, d’orge et de froment[1]. Mais la

  1. Hist. Aug., p. 162 ; Aurel.-Victor ; Porphyre, in Vit. Plotin. ap. Fabricium, Biblioth. græca., l. IV, c. 36. Le philosophe Plotin accompagna l’armée, animé du désir de s’instruire, et de pénétrer jusque dans l’Inde.