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Philippe, appelé à l’empire par les soldats, trouva le sénat et les habitans des provinces disposés à confirmer son élection[1].

Forme d’une république militaire.

Nous ne pouvons nous empêcher de mettre sous les yeux du lecteur un tableau ingénieux qu’un célèbre écrivain de nos jours a tracé du gouvernement militaire de l’Empire romain, et dans lequel seulement ce grand peintre s’est peut-être un peu trop livré à son imagination. « Ce qu’on appelait l’Empire romain dans ce siècle-là était une espèce de république irrégulière, telle à peu près que l’aristocratie[2] d’Alger[3], où la milice, qui a la puissance souveraine, fait et défait un magistrat qu’on appelle le Dey ; et peut-être est-ce une règle assez générale que le gouvernement militaire est, à cer-

  1. Aurel.-Victor ; Eutrope, IX, 2 ; Orose, VII, 20, Ammien-Marcellin, XXIII, 5 ; Zosime, l. I, p. 19. Philippe était né à Bostra (*), et il avait alors environ quarante ans.
    (*) Aujourd’hui Bosra. Elle était jadis la métropole d’une province connue sous le nom d’Arabia, et la ville principale de l’Auranitide, dont le nom se conserve dans celui de Belad-Haûran, et dont l’étendue se confond avec les déserts de l’Arabie (D’Anv., Géogr. anc., t. II, p. 188). Selon Victor (in Cæsar.) Philippe était originaire de la Trachonitide, autre province d’Arabie. (Note de l’Éditeur.)
  2. Le terme aristocratie peut-il être appliqué avec quelque justesse au gouvernement d’Alger ? Tout gouvernement militaire flotte entre deux extrêmes, une monarchie absolue et une farouche démocratie.
  3. La république militaire des mameluks, en Égypte, aurait fourni à M. de Montesquieu un parallèle plus noble et plus juste. Voyez Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains, c. 16.