Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/446

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ils leur rappelaient la foi des anciens oracles, et les suppliaient de maintenir à jamais la vertu, la félicité et l’empire du peuple romain[1]. La magnificence des spectacles donnés par Philippe éblouit les yeux de la multitude ; les esprits religieux étaient entièrement absorbés par la célébration des rites de la superstition : le petit nombre de ceux qui réfléchissaient méditait l’histoire de Rome, et jetait en tremblant des regards inquiets sur les destins futurs de l’empire.

Décadence de l’Empire romain.

Dix siècles s’étaient déjà écoulés depuis que Romulus avait rassemblé, sur quelques collines près du Tibre, une petite bande de pasteurs et de brigands[2]. Durant les quatre premiers siècles, les Romains, endurcis à l’école de la pauvreté, avaient acquis les vertus de la guerre et du gouvernement. Le développement de ces vertus leur avait procuré, avec le secours de la fortune, dans le cours des trois siècles suivans, un empire absolu sur d’immenses contrées en Europe, en Asie et en Afrique. Pendant les trois cents dernières années, sous le voile d’une prospérité apparente, la décadence attaqua les prin-

  1. Pour se former une idée juste des jeux séculaires, il faut consulter le poëme d’Horace, et la description de Zosime, l. II, p. 167, etc.
  2. Selon le calcul reçu de Varron, Rome fut fondée sept cent cinquante-quatre ans avant Jésus-Christ ; mais la chronologie de ces temps reculés est si incertaine, que sir Isaac Newton place le même événement dans l’année 627 avant Jésus-Christ.