La conquête des contrées septentrionales de l’Europe valait à peine les dépenses et les travaux qu’elle eût exigés. Couverte de bois et de marais, la Germanie nourrissait dans son sein des barbares courageux qui méprisaient la vie lorsqu’elle était séparée de la liberté : et, quoique dans la première attaque ils eussent paru céder sous le poids de la puissance romaine, un acte éclatant de désespoir les rétablit bientôt dans leur indépendance, et fit ressouvenir Auguste des vicissitudes de la fortune[1]. À la mort de ce prince, son testament fut lu publiquement dans le sénat : Auguste laissait à ses successeurs, comme une utile portion de son héritage, l’avis important de resserrer l’empire dans les bornes que la nature semblait avoir elle-même tracées pour en former à jamais les limites et les remparts : à l’occident, l’océan Atlantique ; le Rhin et le Danube au
- ↑ Par le massacre de Varus et de ses trois légions. (Voy. le liv. I des Annales de Tacite ; Suétone, Vie d’Auguste, c. 23, et Velleius Paterculus, l. II, c. 117, etc.) Auguste ne reçut pas la nouvelle de ce malheur avec toute la modération ni toute la fermeté que l’on devait naturellement attendre de son caractère.