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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

vèrent, dans la partie septentrionale de l’île, une indépendance qu’ils durent à leur pauvreté autant qu’à leur valeur. Ils faisaient souvent des incursions, mais ils étaient aussitôt repoussés et punis. Cependant leur pays ne fut point subjugué[1] ; les souverains des climats les plus rians et les plus fertiles du globe détournaient leurs regards méprisans de ces montagnes exposées aux fureurs des tempêtes, de ces lacs couverts de brouillards épais, et de ces vallées incultes, où l’on voyait le cerf timide fuir à l’approche d’une troupe de Barbares à peine vêtus[2].

Seconde exception. Conquête de la Dacie.

Les successeurs d’Auguste étaient restés constamment attachés à ses maximes politiques : tel était, depuis sa mort, l’état des frontières de l’empire, lorsque Trajan monta sur le trône. Ce prince vertueux et rempli d’activité avait reçu l’éducation

    construire un mur de pierres parallèle au rempart d’Adrien et dans les mêmes localités. Voyez John Warburton’s vallum romanum, or the History and antiquities of the roman wall commonly called the Pict’s wall, Lond., 1754, in-4o (Note de l’Édit.)

  1. Le poète Buchanan célèbre avec beaucoup d’élévation et d’élégance (Voy. ses Sylvæ, V.) la liberté dont les anciens Écossais ont toujours joui. Mais si le seul témoignage de Richard de Cirencester suffit pour créer au nord de la muraille une province romaine, nommée Valentia, cette indépendance se trouve renfermée dans des limites très-étroites.
  2. Voy. Appien (in proæm.) et les descriptions uniformes des poésies erses qui, dans toutes les hypothèses, ont été composées par un Calédonien.