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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

dans la baie de Naples. L’expérience semblait enfin avoir convaincu les anciens que leurs galères, lorsqu’elles excédaient deux ou tout au plus trois rangs de rames, devenaient plus propres à une vaine pompe qu’à un service réel. Auguste lui-même, dans la bataille d’Actium, s’était aperçu de la supériorité de ses frégates légères, appelées Liburniennes, sur les citadelles élevées et massives de son rival[1]. Ces Liburniennes lui servirent à former les deux flottes de Ravenne et de Misène, destinées à commander, l’une la partie orientale, l’autre l’occident de la Méditerranée ; et à chacune de ces escadres il attacha un corps de plusieurs milliers de marins. Outre ces deux ports, où les Romains avaient établi la plus grande partie de leurs forces maritimes, ils entretenaient encore un grand nombre de vaisseaux à Fréjus, sur les côtes de Provence. Le Pont-Euxin était gardé par quarante voiles et par trois mille soldats. À toutes ces forces, il faut ajouter la flotte qui assurait la communication entre la Gaule et la Bretagne, et une infinité de bâtimens qui couvraient le Rhin et le Danube, pour harasser les pays ennemis, et intercepter le passage des Barbares[2]. [Énumération de toutes les forces de l’empire.]En récapitulant cet état général des forces de l’empire sur mer et sur

  1. Plutarque, Vie de Marc-Antoine ; et cependant, si nous en croyons Orose, ces énormes citadelles ne s’élevaient pas de plus de dix pieds au-dessus de l’eau, VI, 19.
  2. Voyez Juste-Lipse, De magnitudine romanâ, l. I, c. 5. Les seize derniers chapitres de Végèce ont rapport à la marine.