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de l’Arabie toute religion qui ne serait pas la véritable.[1]

Soumission de la Mecque. A. D. 629.

Les yeux de Mahomet se tournaient vers la Mecque cinq fois par jour[2], et les motifs les plus sacrés et les plus puissans excitaient en lui le désir de rentrer en conquérant dans la ville et dans le temple d’où on l’avait chassé ; soit qu’il veillât, ou durant son sommeil, la Caaba était toujours présente à son imagination : il interpréta un de ses songes comme une vision et une prophétie ; déploya la sainte bannière, et laissa échapper une imprudente promesse de succès. Sa marche de Médine à la Mecque n’annonçait qu’un pèlerinage religieux et paisible : soixante-dix chameaux ornés pour le sacrifice précédaient son avant-garde ; il respecta le territoire sacré, et les captifs renvoyés sans rançon purent proclamer sa piété et sa clémence ; mais dès qu’il fut dans la plaine, à une journée de la ville, il s’écria : « Ils se sont revêtus de peaux de tigres ; » il fut arrêté par la mul-

  1. Elmacin (Hist. Saracen., p. 9) et le grand Al-Zabari (Gagnier, t. II, p. 285) attestent le bannissement des Juifs. Cependant Niebuhr (Descript. de l’Arabie, p. 324) croit que la tribu de Chaibar professe encore la religion juive et la secte des karéites, et que dans le pillage des caravanes, les disciples de Moïse sont les associés de ceux de Mahomet.
  2. Abulféda (p. 84-87, 97-100, 102-111), Gagnier (t. II, p. 209-245, 309-322 ; t. III, p. 1-58), Elmacin (Hist. Saracen., p. 8, 9, 10), Abulpharage (Dynast., p. 103), racontent les progrès de la réduction de la Mecque.