Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/12

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Pétrée et de Sablonneuse. [Sol et climat.]La nature a du moins orné les déserts de la Tartarie de grands arbres, d’herbages abondans ; et le voyageur solitaire y trouve, dans l’aspect de la vie végétale, une espèce de consolation et de société ; mais les affreux déserts de l’Arabie n’offrent qu’une immense plaine de sable, coupée seulement par des montagnes sèches, anguleuses, et la surface du désert, dépouillée d’ombrage ou de couvert, n’offre qu’un terrain brûlé par les rayons directs de l’ardent soleil du tropique. Les vents, au lieu de rafraîchir l’atmosphère, ne répandent qu’une vapeur nuisible et même mortelle, surtout lorsqu’ils viennent du sud-ouest ; les éminences de sable qu’ils forment et qu’ils dispersent tour à tour, peuvent se comparer aux vagues de l’océan : on a vu des caravanes et des armées entières englouties par le tourbillon. On y désire, on s’y dispute l’eau, partout ailleurs si commune, et on y éprouve une telle disette de bois qu’il faut un peu d’art pour conserver et propager le feu. L’Arabie n’a point de ces rivières navigables qui fertilisent le sol et portent ses productions dans les contrées voisines. La terre altérée absorbe les torrens qui tombent des collines : le tamarin, l’acacia, le petit nombre de plantes robustes qui établissent leurs racines dans les crevasses des rochers, n’ont d’autre nourriture que la rosée de la nuit : lorsqu’il pleut, on s’efforce d’arrêter quelques gouttes d’eau dans des citernes ou des aqueducs ; les puits et les sources sont les trésors secrets de ces déserts, et après plusieurs marches étouffantes, le