Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/176

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en promit cinq mille toutes les années à chacun des vieux guerriers qui s’étaient trouvés à la bataille de Beder, et le dernier des compagnons de Mahomet fut récompensé par un traitement annuel de trois mille drachmes. Il en assigna mille aux vétérans qui avaient combattu à la première bataille contre les Grecs et les Persans, et il fixa les autres soldes dans une proportion décroissante jusqu’à cinquante pièces, selon le mérite et l’ancienneté de ses soldats. Sous son règne et celui de son prédécesseur, les vainqueurs de l’Orient se montrèrent de zélés serviteurs de Dieu et du peuple. Les fonds du trésor public furent consacrés aux dépenses de la paix et de la guerre. Un adroit mélange de justice et de générosité conserva la discipline des Sarrasins ; et, par un rare bonheur, ils réunirent la promptitude et l’énergie du despotisme aux maximes d’égalité et de frugalité d’un gouvernement républicain. Le courage héroïque d’Ali[1], la sagesse consommée de Moawiyah[2], excitèrent l’émulation de leurs sujets, et les talens qui s’étaient formés dans les discordes civiles, furent employés d’une manière plus utile à la propagation de la foi et de l’empire du prophète. Bientôt, livrés à l’inertie et aux vanités du palais de

  1. Voyez sur son règne Eutychius (p. 343), Elmacin (p. 51), Abulpharage (p. 117), Abulféda (p. 83), d’Herbelot (p. 89).
  2. Voyez sur son règne Eutychius (p. 344), Elmacin (p. 54), Abulpharage (p. 123), Abulféda (p. 101), d’Herbelot (p. 586).