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la première, Yezdegerd ne se crut plus en sûreté à Holwan ; il alla cacher sa honte et son désespoir dans les montagnes du Farsistan, d’où Cyrus était descendu avec ses braves compagnons, alors ses égaux. Le courage de la nation survécut à celui de son monarque ; au milieu des collines situées au sud d’Ecbatane ou Hamadan, cent cinquante mille Perses firent un troisième et dernier effort pour défendre leur religion et leur pays, et les Arabes donnèrent à la bataille décisive livrée à Nehavend, le nom de victoire des victoires. S’il est vrai que le général persan fut pris au milieu d’une troupe de mulets et de chameaux chargés de miel, qui l’avait arrêté dans sa fuite, cet incident, quelque léger ou quelque singulier qu’il puisse nous paraître, sert à nous faire comprendre quels obstacles[1] devait apporter à la marche d’une armée d’Orient le luxe qu’elle traînait à sa suite.

Conquête de la Perse. A. D. 637-651.

Les Grecs et les Latins ont parlé d’une manière très-imparfaite de la géographie de la Perse ; mais il paraît que ses villes les plus célèbres sont antérieures à l’invasion des Arabes. La réduction de Hamadan et d’Ispahan, de Caswin, de Tauris et de Rei, approcha peu à peu ces conquérans des rives de la mer Caspienne ; et les orateurs de la Mecque purent célébrer les succès et la valeur des fidèles, qui avaient

  1. Voyez l’article Nehavend de d’Herbelot (p. 667-668}, et les Voyages en Turquie et en Perse, par Otter, tom. I, page 191.