Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/193

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dans sa fuite, avec toute la célérité possible, le désert de Kirman ; il implora les secours des braves Segestains, et chercha un asile obscur sur la frontière de l’empire des Turcs et de celui des Chinois ; mais une armée victorieuse est insensible à la fatigue : les Arabes divisèrent leurs forces, afin de poursuivre de toutes parts leur timide ennemi, et le calife Othman promit le gouvernement de Khorasan au premier général qui pénétrerait dans cette contrée vaste et peuplée, qui avait formé autrefois le royaume de la Bactriane. La condition fut acceptée, le prix fut mérité ; l’étendard de Mahomet fut planté sur les murs de Hérat, Merou et Balch ; et le général victorieux ne se reposa que lorsque ses chevaux fumans se furent désaltérés dans les eaux de l’Oxus. Dans l’anarchie générale, les gouverneurs des villes et des châteaux, devenus indépendans, obtinrent leur capitulation particulière ; l’estime, la prudence ou la compassion des vainqueurs en dictèrent les articles, et, selon sa profession de foi, le vaincu se trouva leur concitoyen ou leur esclave. Harmozan, prince d’Ahwah et de Suze, après une courageuse défense, fut contraint de remettre sa personne et ses états à la merci du calife. Leur entrevue donnera une idée des mœurs arabes. Lorsque ce barbare voluptueux fut en présence d’Omar, le calife ordonna de le dé-

    char et de Persépolis (d’Herbelot, p. 327), et il le serait encore davantage de copier les plans et les descriptions de Chardin ou de Corneille-le-Bruyn.